BREL

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BREL – Can You Dance to a Legend?

Attending a performance at the mythical Carrière de Boulbon, about fifteen kilometers from Avignon, is already an experience — one that only the Festival d’Avignon can truly offer. The bike ride up the montagnette offers breathtaking views of the Durance and Rhône rivers at sunset, followed by a hike to the site itself. Since its reopening in 2022 under the direction of Tiago Rodrigues, this dramatic quarry has hosted one large-scale production per festival season, welcoming up to 1,200 spectators. This year, it’s home to BREL, a dance-theatre work by Belgian choreographer Anne Teresa De Keersmaeker.

Following her successful appearances at last year’s festival (Exit Above, and the restaging of En Atendant), De Keersmaeker returns with a bold question: can Jacques Brel — the legendary Belgian chansonnier — be danced? And if so, how?

Running approximately ninety minutes, BREL is structured around a series of Brel’s most iconic songs. At its heart is a duet between De Keersmaeker herself and young French dancer-choreographer Solal Mariotte. Together, they attempt to embody Brel’s words and music physically — occasionally speaking lines aloud rather than singing, offering a fragmented dialogue with the music rather than a straightforward tribute.

The natural features of the Carrière are cleverly integrated into the production. The stone quarry wall serves as a canvas for video projections, live footage, and sometimes as a backdrop for the dancers’ elongated shadows. Verticality is key to the staging: Mariotte first appears from a higher level carved into the rock before descending to join De Keersmaeker on the minimalist stage below. The lighting design accentuates the space’s contours, and in some moments — especially when the two dancers are illuminated from opposite sides — the visual composition is striking, almost spiritual. Brel, here, is presented less as a pop icon than as a voice from beyond.

Yet despite these poetic touches, the production struggles to maintain momentum. The structure becomes repetitive, the emotional pitch flat. The physical interpretations of Brel’s songs, though sincere, sometimes veer into the literal or overly illustrative — failing to unearth new layers in the music. For all its ambition, the show suffers from a lack of choreographic variety and rhythm, especially for a piece rooted in musical dynamism.

There is something undeniably moving in watching De Keersmaeker dance — her presence, grounded and introspective, speaks volumes. However, the partnership between her and Mariotte never fully takes flight. One expects a contrast of energies — generational, stylistic, emotional — but instead, the choreography remains largely parallel. The interplay between them lacks the tension or counterpoint that might have propelled the performance further. A brief solo by Mariotte, involving breakdance elements, stands out as the show’s most captivating moment — an isolated vignette that briefly electrifies the stage.

BREL features 26 songs — a dense retrospective that ultimately feels overlong. The work never quite resolves its central question. Can Jacques Brel be danced? Perhaps. But this production offers only a partial answer, and one that feels cautious. De Keersmaeker’s attempt doesn’t risk enough — it stays within a familiar framework, drawing too directly from her own trajectory and occasionally over-explaining Brel’s lyrics through gesture. There’s little sense of choreographic failure, spontaneity, or incompleteness — which might have served the subject better.

In the end, BREL remains an evocative and respectful homage, but not the radical or revelatory one it could have been. It hints at beauty, connection, and memory — but stops short of pushing through the emotional and artistic boundaries that Brel himself so often broke.

FRENCH RÉSUMÉ

Aller à la carrière Boulbon du Festival d’Avignon reste une aventure, mais cette année, le retour d’Anne Teresa De Keersmaeker avec BREL laisse un goût d’inachevé. Aux côtés du jeune Solal Mariotte, elle tente de répondre à une question simple mais redoutable : peut-on danser Brel ? Malgré un cadre vibrant et quelques moments de grâce portés par la lumière et la roche, la proposition souffre d’un manque de rythme, d’audace et d’imagination. Si l’émotion surgit parfois, comme dans un solo de break marquant, la rencontre entre les deux générations n’atteint jamais l’intensité attendue. Trop long, trop illustratif, BREL ne parvient pas à incarner pleinement l’esprit du chanteur (pourtant omniprésent), ni à justifier une approche chorégraphique qui, en s’autorisant plus de risques, aurait pu faire de cette tentative un hommage radical au fantôme de Jacques Brel.

Festival d’Avignon

Carrière de Boulbon
Until July 20th 2025

Anne Teresa De Keersmaeker and Solal Mariotte

Belgium – France / Created in 2025 / First time in France

Running time: 1h 30min

Concept, Choreography and Dance Anne Teresa De Keersmaeker, Solal Mariotte
Music Jacques Brel
Light Design Minna Tiikkainen assisted by Marla Van Kessel
Scenography Michel François
Costumes Aouatif Boulaich
Dramaturgy Wannes Gyselinck
Production Rosas

Photo credits : © Christophe Raynaud de Lage

BREL

FULL FRENCH REVIEW

Aller à la mythique carrière Boulbon, située à une quinzaine de kilomètres d’Avignon, est d’abord une aventure comme seul le festival du sud de la France peut proposer. Le trajet en vélo jusqu’à la « montagnette »  offre un magnifique coucher de soleil le long de la Durance et du Rhône, prolongé lors de la montée en marchant vers la scène. Depuis sa réouverture en 2022 au début du mandat de Tiago Rodrigues, le lieu présente chaque année devant 1200 spectateurs un spectacle de théâtre, et cette année de danse.

Avec BREL, le spectacle marque le retour d’Anne Teresa De Keersmaeker, chorégraphe belge qui avait déjà marqué l’édition 2023 du Festival (avec la création Exit Above et la recréation En atendant). Son projet se veut un hommage vibrant et dansant à Jacques Brel, chanteur belge et artiste mythique de la chanson francophone du 20e siècle (1929-1978). Tout le spectacle tourne autour de la question suivante : est-il possible de danser Brel ? Et si oui, comment ?

BREL est structuré autour de la diffusion de chansons les unes après les autres, une heure et demi durant. Au milieu de la carrière a été diposé un grand plateau où l’on découvre un duo formé par Anne Teresa De Keersmaeker et Solal Mariotte, jeune danseur et chorégraphe français. Deux générations qui tentent d’incarner les chansons avec leurs corps, même si quelques paroles sont parfois reprises en apparté, sans le chant de la playlist de Brel.

Le lieu du spectacle est principalement utilisé dans son relief : le mur de la carrière est utilisé comme écran de vidéoprojection (passages de clips ou de lives de Brel, sous-titrage des chansons) ou de manière plus originale, pour des ombres portées des danseurs. La verticalité du lieu arrive par une découpe de lumière installée en hauteur, et l’arrivée de Solal Mariotte depuis un “premier niveau” de la roche, avant une arrivée sur le plateau.

Cette mise en scène minimaliste respecte la solennité et la “mystique” du lieu (Brel semble être une voix d’outre tombe), offrant quelques moments de grâce, comme lorsque le duo est éclairé des deux côtés du plateau, sur les pierres, avec une impression de relief saisissante d’une étrange beauté. Malgré ces tentatives, l’ensemble du spectacle souffre d’un manque évident de rythme à la fois dans la structure du spectacle (répétitive, voire monotone) et dans “l’incarnation” de certaines chansons (peu imagitinative, sinon purement illustrative).

Plus particulièrement, s’il est émouvant de voir Anne Teresa De Keersmaeker danser, le contraste du duo formé avec Solal Mariotte ne nous emporte jamais. Au contraire, la complémentarité des corps, des énergies et des expériences aurait pu créer des contrepoints. L’expérience d’un solo de breakdance du jeune danseur offre à ce titre une saynète réussie et émouvante, qui a saisi tout le public au milieu du spectacle.

BREL offre une (re)découverte dense et trop longue (26 titres) du chanteur. Sans répondre définitivement à la question de la possibilité de danser Jacques Brel, ATDK propose une tentative inaboutie, manquant de travail et d’ingéniosité pour arriver. Forçant les ponts entre sa trajectoire et celle de Brel, surillustrant certains couplets, tentant une structure thématique de la playlsit, la chorégraphe s’inscrit dans un sillon trop attendu, sans que ses tentatives ne justifient une approche expérimentale qui serait allée au bout des tentatives chorégraphiques, même ratées ou inachevées. En d’autres termes, BREL manque de choix radicaux pour en faire une expérience proprement marquante et l’hommage vibrant au fantôme du chanteur.